
Église Saint-Pierre
Située au sud de Chablis, dans la ville haute.
Sa construction daterait de la fin du XIIe siècle. (Époque charnière roman-gothique).
Son histoire débute par une hypothèse.
Une première église appelée Sainte-Marie de Charlemagne aurait été construite sous Charles-le-Chauve, au IXe siècle, puis appelée église Notre-Dame du Rosaire, tout près de l’église actuelle.
Le plan initial montre une nef à trois vaisseaux, qui subsistent à ce jour.
Au XVIe siècle, le chœur et le sanctuaire ont été reconstruits.
Cette nouvelle construction était désaxée par rapport à la nef.
Au XVIe siècle, un passage est créé dans le mur sud, dans la première travée, donnant accès à l’église Notre-Dame-du-Rosaire.
Cette église, ou plutôt cette chapelle, vendue comme bien national le même jour que l’église Saint-Pierre, fut quant à elle complètement démolie.
On n’en trouve aucun plan. Sa représentation et son emplacement nous sont précisés sur la gravure d’une vue de Chablis réalisée par Israël Sylvestre en 1650.
Cette église, ou cette chapelle, a été désignée au moins par cinq appellatifs :
- L’église Sainte-Marie de Charlemagne
- La chapelle Notre-Dame du Rosaire
- La petite église
- La petite église Notre-Dame
- La chapelle de la Vierge.
A partir de la Révolution française, on en sait un peu plus.
Pour connaître les dimensions exactes de la chapelle du Rosaire, il faudra attendre l’affiche officielle proposée pour la vente des biens nationaux du 3 brumaire an III (24 octobre 1794).
1er lot : plus un passage qui conduit de la dite église à la chapelle du Rosaire, ayant le dit passage 36 pieds de long (environ 11,70 m) sur 18 de large (environ 5,85 m), pavé en pierre du pays, la couverture et la voûte garnies en tuiles. Le tout estimé ensemble 4.540 livres.
2ème lot : le bâtiment formant la chapelle du Rosaire, ayant 84 pieds de long, (environ 27,30 m) sur 24 de large (environ 7,80 m), pavé en pierre du pays, les voûtes en moellons du pays, la couverture en tuiles, la charpente en partie en mauvais état.
Estimé le tout 1.800 livres, sous la réserve de laisser les bancs, stalles, boiseries, grilles de fer et généralement tout ce qui pourrait-être de l’ornement et de l’utilité lors du culte desdites paroisse et chapelle ».
Le 2 décembre 1798, lors de l’adjudication, les enchères à la bougie commencèrent. Trois chablisiens surenchérirent et le dernier feu s’est éteint sur celle de Simon Depaquit à la somme de 3.750 frs.
Simon Depaquit pouvait démolir l’église et le passage.
Le 11 juillet 1791, Simon Depaquit, ex-moine de l’abbaye de Pontigny, achète les anciens bâtiments du « premier Petit-Pontigny »… c’est une grande propriété et il a besoin de pierres pour faire 425 m de mur d’enceinte, il démolit la totalité de Notre-Dame du Rosaire, il commence à démolir St-Pierre… Les pierres sont belles, toutes taillées, bon marché et à proximité. L’affaire est belle.
Mais l’ex-moine n’a pas le temps d’achever son œuvre destructrice. Obligé de respecter le cahier des charges, il revend le 22 mai 1801 pour 1.500 frs. à 17 vignerons du faubourg, ce qui reste aujourd’hui de l’église.
Par acte notarié du 18 avril 1808, les vignerons acquéreurs et leurs héritiers abandonnent gratuitement ce qui reste de l’église Saint-pierre à la commune de Chablis.